L'élevage du thon rouge pourrait signifier la fin de cette espèce en Méditerranée

L'organisation environnementale exige un meilleur contrôle de cette nouvelle activité commerciale.

L'année dernière, les douze fermes d'élevage du thon rouge installées en Méditerranée - et pour plusieurs d'entre elles subventionnées par l'Union européenne (UE) dans le cadre de sa Politique commune de la pêche - ont produit 11'000 tonnes de thon, soit plus de la moitié de la production mondiale de thon d'élevage.

L'évolution est massive et nouvelle, puisqu'il y a encore cinq ans la quantité de thon produite en Méditerranéenne était négligeable.

Contrairement à l'aquaculture, où les poissons se reproduisent et se développent en captivité, les fermes d'élevage du thon rouge sont approvisionnées en thons capturés à l'état sauvage. Ceux-ci sont ensuite engraissés en cage, avant d'être exportés, principalement au Japon, pour le marché très lucratif du sushi.

Selon le WWF, une partie des thons rouges capturés pour les fermes d'élevage sont des jeunes qui ne seront donc pas en mesure de se reproduire à l'état sauvage et de reconstituer les effectifs de cette espèce déjà harcelée par la pêche directe.

Le WWF appelle les gouvernements du bassin méditerranéen et l'Union européenne a réduire la pêche au thon et à réglementer strictement les fermes d'élevage dans le cadre de la révision de la Politique commune de la pêche (PCP) cette année.

"Le thon rouge, c'est le nouveau "foie gras" de la Méditerranée, et cela provoque une véritable ruée sur l'or," observe Paolo Guglielmi, responsable de l'Unité marine au Programme du WWF pour la Méditerranée. "Si rien n'est fait dans les plus brefs délais, cette espèce aura peut-être complètement disparu de la région dans quelques années."

Comme l'élevage du thon rouge n'est pas considéré comme une activité basée sur la pêche directe, sa gestion échappe au contrôle d'organismes tels que la Commission internationale pour la conservation du thon de l'Atlantique (ICCAT) ou la Commission générale de la pêche pour la Méditerranée (GFCM), qui ont pourtant reconnu la nécessité de préserver cette espèce.

"Les fermes d'élevage passent entre les mailles du filet des réglementations régionales et internationales chargées de gérer la pêche," souligne le Dr Simon Cripps, directeur au WWF du Programme "Les Mers en danger". "Les gouvernements impliqués doivent agir immédiatement pour pallier à cette lacune supplémentaire dans la gestion de la pêche en Europe et soumettre les fermes d'élevage du thon rouge à des mesures de contrôle urgentes."

Les fermes d'élevage du thon rouge de la Méditerranée se trouvent en Espagne, en Italie, en Croatie et à Malte. Les autres pays concernés par cette activité sont la France, la Tunisie, la Turquie et l'Algérie. Par exemple, les flottes de pêche françaises capturent 70 pour cent du thon rouge acheminé dans les fermes d'élevage espagnoles.

Pour tout renseignement complémentaire:

Anne Rémy, Service de presse, Programme du WWF pour la Méditerranée, tél.: +39 06 844 97 424

Julian Scola, Service de presse, Campagne du WWF sur la pêche en Europe, tél.: +32 2 743 88 06

Olivier van Bogaert, Service de presse, WWF International, tél.: +41 22 364 95 54